Seriez-vous capable de reconnaître un employé qui présente des signes précoces de détresse ou dont l’état de santé se détériore? Les gestionnaires du lieu de travail jouent un rôle essentiel dans la mise en relation des employés avec les ressources en santé mentale, à condition qu’ils soient à même de reconnaître les changements de comportement indiquant qu’un employé souffre.
Dans un article publié en 2018, Jennifer Dimoff et Kevin Kelloway font un compte-rendu des résultats de deux études visant à créer une liste de vérification que les gestionnaires du lieu de travail pourraient utiliser pour reconnaître les signes de détresse (SOS, de l’anglais Signs of Struggle) chez leurs employés.
Légende :Recommandation de notre experte
Conseillère experte:
- DR. JENNIFER DIMOFF, professeur adjointe de Psychologie appliquée, Portland State University
Rédacteurs:
- KIMBERLY SHARPE, assistante de recherche, University of British Columbia
Cette initiative a été rendue possible grâce à une collaboration avec l'Université de Sherbrooke.
Qu’entend-on par :
La tension
Le résultat d’une pression récurrente qui persiste dans le temps ou qui est très intense. Elle a un effet négatif sur la santé des employés et sur leur capacité à travailler normalement. Les problèmes de santé peuvent inclure des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et d’autres maladies chroniques, ainsi que des idées suicidaires.
La détresse
Désigne les comportements que peut manifester un employé lorsqu’il rencontre des problèmes de santé mentale comme de la tension. La détresse peut se comprendre comme la manifestation d’un sentiment de désarroi ou d’un problème de santé mentale.
Méthode
L’article présente les résultats de deux études complémentaires
Étude 1
L’objectif de la première phase était de créer une liste de vérification des SOS en identifiant des comportements en milieu de travail qui caractérisent une détresse ou un état de stress au travail.
Au total, 13 experts en la matière, spécialisés en santé au travail, médecine du travail, gestion des invalidités, psychologie organisationnelle et psychologie clinique ont participé à deux groupes de réflexion.
La seconde phase visait à confirmer que les caractéristiques proposées dans la liste de vérification mesuraient efficacement les SOS. Au total, 450 employés travaillant à plein temps au Canada ont été divisés en trois groupes, puis ont été invités à remplir la liste de vérification des SOS en pensant à un employé qu’ils connaissaient et qui soit :
- avait un trouble de santé mentale et avait pris un congé d’invalidité en raison de ce trouble, ou
- avait un trouble de santé mentale, mais n’avait pas pris de congé d’invalidité, ou
- n’avait aucun trouble de santé mentale connu et n’avait pas pris de congé.
Étude 2
L’objectif de la deuxième étude était d’évaluer la capacité de la liste de vérification à détecter les comportements indiquant des signes précurseurs de SOS.
- 30 employés nord-américains travaillant à plein temps ont été invités à répondre à une enquête concernant leur niveau de tension. Chaque employé a ensuite dû identifier un collègue travaillant à plein temps qui compléta à son tour la liste de vérification des SOS en se basant sur les comportements observés chez l'employé l'ayant référé.
- Les niveaux de tension rapportés par les employés s'étant évalués eux-mêmes furent comparés aux résultats de la liste de vérification de leurs collègues.
Parce qu’il faut toujours interpréter une étude avec prudence
Ces études ont été menées auprès d’employés travaillant à plein temps dans un bureau. Davantage de recherches doivent être effectuées avant de conclure que les résultats peuvent s'appliquer à tous les secteurs ainsi qu'aux employés travaillant à temps partiel ou en télétravail.
Que révèlent les résultats de l’étude?
L’étude distingue cinq catégories de comportements que les gestionnaires du lieu de travail devraient être capables d’identifier et pour lesquels ils devraient pouvoir intervenir.
ISOLEMENT SOCIAL
Exemples de signes de détresse
- Prend moins régulièrement part aux pauses cafés en commun ou aux activités organisées après le travail.
- Demeure à l’écart des interactions amicales entre collègues sur le lieu de travail.
- Se montre moins impliqué dans l’envoi de courriels. Ses courriels sont plus courts et le ton utilisé est plus sec qu'à l'habitude. L'employé met beaucoup plus de temps à répondre qu'à l'habitude ou ne répond pas du tout.
Comment accéder à la suite de l'article?
Vous avez déjà un compte?
Accéder à l'interprétation scientifique