Fenêtres contextuelles, vibreurs, notifications, clavardages :comment les interruptions du travail affectent le bien-être des employés au travail
Il est 10 heures, vous êtes en train de rédiger un rapport important et aujourd’hui, étrangement, vous avancez vite! Vous pourrez peut-être même le terminer avant le dîner. Mais soudainement, le téléphone sonne alors que deux courriels s’affichent sur votre écran. Vous devez leur consacrer votre attention immédiatement.
Et une fois de plus, vous prendrez du retard sur vos tâches quotidiennes. Cela n’arrive pas qu’à vous. Sur le lieu de travail, les interruptions sont courantes. Mais quelles sont leurs conséquences sur le bien-être des employés? C’est la question que Keller et collab. (2019) se sont posé dans cette étude, dans laquelle les effets à moyen et long terme des interruptions du travail fréquentes sont étudiés dans deux études longitudinales.
Légende :Recommandation de notre expert
Conseillère experte:
- Anita KELLER, maître de conférences, Université de Groningen, Pays-Bas
Rédacteurs:
- Étienne FOUQUET, auxiliaire de recherche, Université de Sherbrooke
Marie-Élise LABRECQUE, professionnelle de recherche, Université de Sherbrooke
Cette initiative a été rendue possible grâce à une collaboration avec l'Université de Sherbrooke.
QU’ENTEND-ON PAR :
Interruptions du travail
Il s’agit de circonstances ou d’évènements dans lesquels le travail doit être mis de côté pour gérer d’autres situations, par exemple pour répondre à des courriels ou des appels, gérer des problèmes d’équipement ou interagir avec des collègues. Généralement, ces interruptions du travail sont involontaires et ne sont pas contrôlables par l’employé(e). Au sens de cette étude, regarder Facebook ou Instagram ne constitue donc pas une interruption.
Bien-être
Dans la présente étude, le bien-être est mesuré par deux variables :
- Plaintes psychosomatiques
Expression physique du stress, notamment par des maux de tête ou de dos ou des troubles du sommeil. - Satisfaction professionnelle
Un sentiment positif envers le travail et la situation professionnelle. La satisfaction professionnelle est étroitement liée à l’implication, au rendement, à l’absentéisme et à la performance au travail.
Méthode
Étude 1
- Pays : Suisse
Nombre de participants : 415
Âge moyen : 20,6 ans
Nombre moyen d’heures de travail : 39,6 à 40,2
Sexe des participant-es : 65% de femmes - Recrutement des participants :
Des participants à une étude par panel suivant de jeunes adultes entre la scolarité obligatoire et le marché du travail ont été sélectionnés. Les participants devaient être employés à plein temps en 2005 pour participer à l’étude (5 ans après la fin de la scolarité obligatoire). - Méthode utilisée :
Étude longitudinale sur 5 années, avec 4 vagues (2005, 2006, 2007, 2010).
Étude 2
- Pays : Suisse
Nombre de participants : 663
Âge moyen : 32,4 ans
Nombre moyen d’heures de travail : 38,5 à 39
Sexe des participant-es : 51% de femmes - Recrutement des participants :
L’échantillon de participants était composé d’employés de différentes organisations, sur une large gamme de postes. - Méthode utilisée :
Étude longitudinale de huit mois, avec cinq vagues pendant les huit mois (une tous les deux mois).
Que révèlent les résultats de l’étude?
De manière générale, l’étude a montré que les plus grands nombres d’interruptions sont associés à des niveaux plus bas de satisfaction professionnelle et plus de plaintes psychosomatiques, et ils ont, à terme, un effet négatif de réduction du bien-être des employés.
Une augmentation des interruptions du travail influe sur le bien-être de l’employé en réduisant la satisfaction professionnelle et en augmentant les plaintes psychosomatiques.
- Il y a plusieurs explications à cette réduction du bien-être. Par exemple, une augmentation des interruptions du travail oblige les employés à développer de nouvelles stratégies d’adaptation, car celles déjà acquises perdent de leur efficacité avec le temps.
- Plus le nombre d’interruptions du travail augmente, plus il devient difficile de les gérer, et les conséquences, notamment plus de pression du temps, l’accumulation du travail et les échéances manquées, sont ressenties plus sévèrement. De plus, une accumulation d’interruptions du travail donne aux employés une impression de perte de contrôle sur leur emploi du temps, ce qui affecte leur capacité à s’adapter.
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