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Scientific interpretation - Can a person find satisfaction in a “dirty job”?

Comme l’écrivait Victor Hugo, « la racine du travail est parfois amère, mais la saveur de ses fruits est toujours exquise ». Cette citation nous rappelle que certains métiers ne sont pas d’emblée synonymes de plaisir, mais au contraire désagréables, dégradants ou même dangereux. Ce n’est pas tout le monde qui accepterait la profession d’éboueur ou de vidangeur, considérant les stéréotypes négatifs et la stigmatisation qui les caractérisent. Cela dit, lorsqu’on regarde au-delà des idées reçues et de la stricte nature de ces métiers, est-il possible de comprendre les motivations de ceux dont c’est le gagne-pain et l’occupation principale ? Autrement dit, pourquoi certains salariés déclarent-ils être satisfaits des fruits d’un travail qui est perçu comme un sale boulot par tant d’autres ?

C’est la question que se sont posée Deery, Kolar et Walsh (2019) dans une étude qui visait à comprendre comment certaines caractéristiques du contexte de travail influencent la satisfaction au travail des salariés occupant un sale boulot. Les auteurs proposent d’étudier cette satisfaction à partir de l’analyse de quatre de ses mécanismes : la reformulation de la signification du travail, l’autonomie, les relations entre salariés et la diversité des tâches.

Légende :Recommandation de notre expert
Conseillère experte:
  • Laurie KIROUAC, Chercheure au CR-CSIS et au CAPRIT. Professeure associée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke
Rédacteurs:
  • Étienne FOUQUET, auxiliaire de recherche, Université de Sherbrooke
    Marie-Élise LABRECQUE, professionnelle de recherche, Université de Sherbrooke

Cette initiative a été rendue possible grâce à une collaboration avec l'Université de Sherbrooke.


QU’ENTEND-ON PAR :

Sale boulot

Il s’agit d’emplois ou de tâches de travail qui sont socialement perçus comme dégoûtants, désagréables ou dégradants et marqués d’une souillure ou d’un stigmate, tandis que les salariés qui les pratiquent font souvent l’objet de stigmatisation.

La souillure ou le stigmate associé au sale boulot peut prendre différentes formes :

  • Sociale. C’est le cas des salariés qui occupent un rôle de subordonné ou qui ont des contacts réguliers avec des personnes stigmatisées (salariés d’hôtel, gardiens d’immeubles, agents correctionnels, intervenants auprès des malades du sida, etc.)
  • Physique. C’est le cas des métiers où les salariés sont en contact direct avec la saleté, les matières résiduelles ou encore les fluides corporels (éboueurs, agents d’entretien, etc.).
  • Morale. C’est le cas des salariés dont les tâches sont perçues comme immorales ou non conformes aux normes sociales ou de civilité (travailleuses du sexe, danseurs érotiques, agents de recouvrement, télévendeurs, etc.)

Satisfaction au travail

Les auteurs ont étudié quatre mécanismes dont usent les salariés pour rendre leur travail plus satisfaisant, à savoir :

  1. La reformulation de la signification du travail : Redéfinir positivement son travail et son objectif et lui donner un sens afin de développer et maintenir une identité sociale positive. Par exemple, un boucher peut trouver une fierté dans sa capacité à endurer les contraintes physiques du métier, tout comme un pompier peut entrevoir les dangers de son métier comme de possibles actes héroïques.
  2. L’autonomie : Avoir une autonomie, c’est avoir la latitude de faire des choix dans les méthodes de travail, dans l’ordre des tâches à accomplir et dans les critères à prioriser pour évaluer le travail bien fait. Cette autonomie peut se vivre individuellement ou en groupe.
  3. Les relations entre les salariés : Établir des relations de travail fortes et significatives peut aider les salariés à faire face aux difficultés quotidiennes du métier ainsi qu’aux perceptions et jugements négatifs d’autrui et au stigmate. Le soutien trouvé dans ces relations peut aider les salariés à entretenir une dignité au travail et une image positive d’eux-mêmes.
  4. Diversité de tâches : Accomplir des tâches variées qui appellent des compétences diverses peut aider les salariés à se concentrer sur les aspects agréables et gratifiants du travail et minimiser l’importance de ceux qui le sont moins et qui sont stigmatisés.

Méthode

  • Pays : Royaume-Uni et États-Unis
    Participants : 155 Royaume-Uni, 78 États-Unis
    Âge moyen : 31 ans
    Ancienneté moyenne : 2,7 ans
    Sexe des participants : tous des hommes
  • Recrutement des participants :
    Les participants étaient tous salariés (au salaire minimum) d’une organisation spécialisée dans la protection, le nettoyage et la gestion de propriétés vacantes et basée au Royaume-Uni et aux États-Unis. Des objets liés à la drogue, des armes, des excréments humains, des infestations de rongeurs et de punaises et parfois même des cadavres pouvaient être présents dans les propriétés abandonnées. Les salariés pouvaient également rencontrer des squatters et des intrus au cours de leurs activités quotidiennes et exiger la présence de la police en raison des violences potentielles (avec les locataires expulsés, les voisins, etc.).
  • Méthode utilisée :
    Une méthode mixte a été utilisée.
    • Dans un premier temps, un questionnaire a été distribué aux participants au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il visait à mesurer la satisfaction au travail, reformulation de la signification du travail (construction du sens au travail), l’autonomie individuelle et de groupe, les relations de travail entre salariés et la diversification des tâches.
    • Dans un deuxième temps, des entretiens semi-structurés ont été menés auprès de 38 salariés et ont porté sur la nature et les caractéristiques du travail et la satisfaction au travail, y compris les aspects agréables et stimulants du travail, les formes d’autonomie de travail et les relations de travail.
    • En plus, 90 heures d’observation non participante sur les lieux de travail des deux sites ont été effectuées afin de permettre une meilleure compréhension des interactions entre les salariés et des spécificités de leur travail au quotidien.

Que révèlent les résultats de l’étude?

Une majorité des salariés occupant un sale boulot rapportent une satisfaction au travail, qui est positivement corrélée aux quatre mécanismes de la satisfaction au travail.

SATISFACTION AU TRAVAIL en contexte d’emploi socialement dévalorisé

  • Reformulation de la signification du travail

 

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